Comment raconter une histoire ?
Comment raconter une histoire ?
1 – Choisissez un conte que vous aimez – Laissez-vous choisir
On sait tout de suite si la rencontre est bonne ou pas. On entend, on lit un conte et l’évidence est là : « Mais ! Il me parle le bougre ! Est-ce possible ? » Et l’on jette autour de soi des regards inquiets. Bien sûr c’est possible, et sans pour autant verser dans l’animisme le plus naïf ou je ne sais quels… « Contes de bonnes femmes » – Et là, je suis rudement fière d’être femme et d’avoir accès à ceux-là –
J’ai tendance à croire Henri Gougaud lorsqu’il affirme que les contes sont des êtres vivants. Des peuples indiens de la Cordillère des Andes les considèrent même comme des oiseaux invisibles qui se perchent sur l’épaule du conteur et lui chuchotent leur envie d’être contés.
Mais revenons à votre choix. Comment choisir ? Celui qui chuchote à votre oreille, c’est celui-là qu’il vous faut raconter. Peu importe à qui et comment, c’est lui qui a raison, il est si vieux, il a survécu à tant de siècles d’humanité que vous pouvez lui faire confiance ! Le plus ancien conte connu (le conte des deux frères) laisse une trace écrite sur un papyrus égyptien il y a plus de 30 siècles – Environ 1300 ans avant notre ère – c’est dire la sagesse qui est la sienne.
Le conteur ne sait pas pourquoi c’est ce conte là qu’il doit raconter mais le conte lui, le sait. C’est ainsi que, souvent, des personnes, après une séance, viennent me dire que tel ou tel les a touchées, remuées, portées à la réflexion et me demander comment je savais que celui-là était pour elles. Je n’en savais rien et je n’y suis pas pour grand-chose, dans cette affaire-là, je suis un vecteur, tant mieux si j’ai rempli mon office et permis au conte de voyager.
Moins on veut, plus on se laisse faire, mieux c’est.
Et si votre conte est jeune ? Si c’est une histoire récente ? L’essentiel est que ce récit vous parle, vous saurez le dire à votre tour.
2 – Apprivoisez – N’apprenez pas
Votre conte est choisi – ou plutôt, il vous a choisi –, il est bien au chaud en vous ? Alors il faut maintenant l’apprivoiser, lui donner envie de rester, de grandir, de vous montrer comment il veut être raconté. Non, je n’ai pas perdu la tête ! Au contraire. Il faut prendre son temps avec un conte, comme dans une relation amoureuse – Oui ! Je pèse mes mots –
Bien des fois, des personnes me disent : « Oh ! Quelle mémoire ! Comment faites-vous pour retenir tout ce texte ? ». En vérité, je n’apprends RIEN, ce qui m’évite de réciter ou d’interpréter, ce qui serait mortel pour le conte. – c’est du moins mon avis mais il y a plusieurs écoles en la matière –
Mais alors ? Ne pas apprendre ? Comment ? Quoi ? Qu’est-ce ? Je pratique la tradition orale et vous pouvez le faire aussi. Voici comment :
Quand vous commencez à être à l’aise avec ce conte, entreprenez de vous le raconter, àvoix basse d’abord, puis de plus en plus fort. Vous serez étonné devoir comment il vous guidera, vous emportera sur ses ailes. Faites-lui confiance et…
3 – Lâchez prise – Ne vous jugez pas
Ne cherchez pas à avoir une rhétorique parfaite, ne vous jugez pas, racontez comme vous êtes, ici et maintenant. Les conjugaisons vous torturent ? Racontez au présent ! Tel mot de vocabulaire ne vient pas ? Laissez sortir celui qui vient !
Posez la version écrite ! Vous savez comment le récit avance, vous savez ce qui se passe quand les oiseaux ont mangé le pain du Petit Poucet ! Faites-vous confiance ! Faites-lui confiance ! Que vous ne parveniez pas à donner la grosse voix au loup ou la petite voix au troisième ours de Boucle d’or, ce n’est pas important.
Ce qui est par contre indispensable c’est d’être sincère, de ne pas chercher à briller mais juste de donner une voix – une voie – (la vôtre) pour faire vivre ce conte. Pas de compétition, pas de surenchère, si vous êtes humble et que vous l’aimez, vous saurez comment faire. Mieux ! Vous ferez ! Et au bout d’un moment, vous sentirez qu’il est prêt et vous aussi, alors, un jour, vous conterez !
Essayez et vous me direz !
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